Cas d'étude Pheidole pallidula : Déclin colonial, larve sexuée et stratégies de survie

En mai 2007, l'état de la colonie de Pheidole pallidula suscitait un intérêt particulier. En dépit d'une diminution significative de son effectif, un événement peu commun a été rapporté : l'identification de ce qui paraissait être la première larve sexuée issue de cette colonie. Bien que cette observation ait été brève, elle interroge profondément sur la dynamique des populations et les stratégies reproductives de cette espèce.

Un contexte de déclin inattendu

La réduction de l'effectif des ouvrières était manifeste. En conditions d'élevage, plusieurs facteurs peuvent être à l'origine d'un tel déclin : un stress lié à l'environnement, un apport alimentaire inadapté, des raisons sanitaires, ou plus simplement l'évolution naturelle du cycle de vie de la colonie, celle-ci atteignant une phase de régression susceptible de précéder une reprise démographique ou son extinction. Chez Pheidole pallidula, espèce reconnue pour son polymorphisme social incluant des ouvrières de petite taille (minors) et des soldats (majors), la préservation d'un équilibre démographique s'avère déterminante pour la pérennité et le développement de la colonie.

L'Apparition d'une larve sexuée : un signe particulier ?

Parallèlement à ce déclin, j'ai pu faire l'observation d'une larve de taille inhabituellement grande. Ses dimensions et sa morphologie laissaient présager le développement futur d'une reine ou d'un mâle, soit un individu reproducteur voué à la perpétuation et à la dispersion de l'espèce. Chez les formicidés, la genèse d'individus sexués représente un coût énergétique substantiel pour la colonie. Ce phénomène se manifeste habituellement lorsque la colonie a atteint un degré de maturité suffisant et que les ressources disponibles sont abondantes.

La présence d'une telle larve au sein d'une colonie sur le déclin soulève donc d'importantes questions. S'agissait-il d'une stratégie ultime de la colonie pour garantir sa lignée face à un possible effondrement ?

Le soin au couvain et le destin d'une larve singulière

Les larves de fourmis, dépourvues de membres et totalement dépendantes des adultes, exigent une attention constante de la part des ouvrières. Ces soins comprennent le nourrissage par trophallaxie (échange de nourriture régurgitée), le nettoyage méticuleux et le déplacement des larves vers des zones du nid offrant des conditions optimales d'hygrométrie et de température. Une larve sexuée, en raison de sa taille supérieure et de son rôle crucial pour l'avenir de la colonie, fait souvent l'objet de soins plus intensifs.

Cependant, dans le cas présent, cette larve porteuse d'espoir a cessé d'être visible, vraisemblablement perdue au milieu d'un grand nombre de larves d'ouvrières ou activement cachée par celles-ci. Plusieurs scénarios peuvent expliquer cette disparition :

• Cannibalisme : En situation de stress ou de carence alimentaire, les ouvrières peuvent consommer certaines larves, notamment les plus volumineuses qui constituent une source importante de protéines.
• Mortalité naturelle : La larve a pu succomber à des causes naturelles, son cadavre étant par la suite décomposé, démembré ou évacué par les ouvrières.